jeudi 3 février 2011

Les jeunes, la crise et le gouvernement.


Les jeunes en France connaissent un chômage important : près de 25% des actifs de moins de 25 ans sont en recherche d’emploi. La précarité est devenue la norme pour un grand nombre d’entre eux : emploi à temps partiel, formation et stage à répétition, intérim, CDD, etc. Les salaires des jeunes ne leur permettent pas de vivre dignement. Mariez cette précarité et les salaires en berne aux autres difficultés de notre société (manque de logements, augmentation des prix des transports, etc.) et vous verrez ce que rencontrent les jeunes au quotidien. Ce malaise existe depuis longtemps mais les hautes sphères on fait mine de le découvrir avec la crise économique qui a encore aggravé la situation. Que répond alors le gouvernement ?



pole emploi

Education sacrifiée

D’abord, il sacrifie la formation et l’éducation avec une diminution drastique du nombre de professeurs (encore 16 000 postes de moins pour la rentrée prochaine) et des réformes qui entraînent toujours plus d’inégalités et de concurrence entre les établissements (primes à la performance pour les proviseurs), les territoires (autonomie des établissements), et les élèves (casse du cadre national des diplômes avec les livrets de compétences ou la réforme « LMD »).

RSA inaccessible

Ensuite il met en place le « RSA jeune » qui ne touche pas plus de 6 000 jeunes sur plus de 160 000 en difficulté. « Le gouvernement n’est pas là pour faire de l’assistanat ! », nous prévient-il. Car selon lui le droit à un revenu minimum ne va pas de paire avec le citoyen mais bien avec le mérite. Comment le gouvernement différencie un jeune pour qui le RSA est utile et mérité d’un jeune assisté ? Pour mériter de survivre, le jeune doit avoir travaillé 2 ans les 3 dernières années et ne pas être étudiant, quid de ceux qui cherchent un premier travail et n’en trouvent pas, ou qui ne travaillent pas assez à cause de leur contrat précaire (temps partiel imposé par exemple). Pourtant que ça fasse 1 mois, 2 ans ou 20 ans que l’on travaille ne change pas grand-chose au problème : comment fait-on pour vivre avec moins de 420 euros par mois ? Alors pourquoi imposer cette condition ? La réponse réside peut-être dans le fait que l’incitation à travailler quelques soient les conditions et le salaire est plus forte quand on a rien d’autre. Condamné à choisir entre le travail pour survivre ou la dépendance à autrui un jeune n’aurait donc pas les mêmes aspirations d’indépendance et de vie qu’une personne de plus de 25 ans.

Service civique trop peu rémunéré

Un autre dispositif pour « aider » les jeunes est le service civique. Il s’agit de travailler, avec toutes les contraintes et les frais que ça entraîne, pour une rémunération qui oscille entre 540 et 640 euros. Sont donc exclues, par ce niveau de rémunération, toutes les personnes qui doivent vivre de leur travail. Ou, peut-être, que le gouvernement se satisfait de les laisser vivre sous le seuil de pauvreté fixé à 750 euros par mois.

Allocation d’autonomie ridiculisée

Et enfin, dernière trouvaille en date, il expérimente auprès de 5 000 jeunes le Revenu Contractualisé d’Autonomie (RCA). L’allocation d’autonomie est une revendication de plusieurs organisations de jeunes mais le gouvernement, par cette expérimentation, ne tente-il pas de démontrer frauduleusement que ça ne marche pas ? Il vise deux publics : les jeunes peu qualifiés de 18 à 22 ans en grande difficulté et les nouveaux diplômés de licence de 18 à 23 ans au chômage depuis au moins 6 mois. Aux premiers, il propose une allocation dégressive (de 250 euros par mois la première année à 60 euros à la fin de la deuxième). Les seconds, s’ils n’ont pas d’autres revenus, auront 250 euros par mois pendant 1 an. Tous devront s’engager par un contrat qui « définit le projet professionnel du jeune, les modalités de son accompagnement et les principales étapes de son parcours vers l’emploi» . Comme lorsqu’il vante l’apprentissage, le gouvernement insinue donc que si les jeunes sont au chômage c’est de leur responsabilité. Mais surtout avec cette mesure, on est loin d’une allocation qui permette à chaque jeune de vivre dignement sans être obligé de bosser pendant ses études ou sans être obligé d’accepter n’importe quelle condition de travail faute de ressources.

Gaspard Cassius

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Votre avis m'interresse