mercredi 2 février 2011

Débats: Projet populaire contre populisme!


Ce week-end, à Grenoble, lors des états généraux du renouveau, Pierre Laurent (PCF) a défendu la réponse de gauche aux urgences populaires comme un rempart au populisme de droite. Grenoble (Isère).

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«Avec la crise, la gauche peut-elle éviter le populisme ? » Si la formulation même du débat des « états généraux du renouveau », organisés ce week-end à Grenoble par Libération et Marianne, porte déjà un jugement, faisons-lui un sort.

Y a-t-il un populisme de gauche ?

Oui ! tranche le politologue Dominique Reynié. Avec pour seule différence d’avec le populisme de droite, la barrière non encore franchie de la xénophobie.
S’appuyant sur des exemples européens, et deux Français : Georges Frêche et Jean-Luc Mélenchon. Opposer le peuple aux élites, dit-il à propos de ce dernier, « c’est faire comme s’il n’y avait pas de classes, ni de générations à l’intérieur du peuple. C’est un simplisme ». Frêche ? Nous nous en sommes désolidarisés, rappelle Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.

la colère populaire contre le système est justifiée .

Quant à Mélenchon, « on a voulu enfermer Jean-Luc dans un piège si, à chaque fois qu’on élève la colère populaire, on est populiste »… Être traité de populiste, « ça sert à disqualifier toute interpellation du gouvernement. Or, la colère populaire contre le système est mille fois justifiée devant l’explosion des inégalités », poursuit-il.

Pour Martin Hirsch, ancien haut-commissaire aux Solidarités actives du gouvernement Fillon, « vouloir en finir avec les conflits d’intérêts ou vouloir indexer les hautes rémunérations sur le taux de pauvreté » est perçu comme populiste. Tout comme clamer la réquisition de logements ! lance-t-il, si c’est s’en tenir à la dénonciation. Mais « si, dans son livre, Qu’ils s’en aillent tous, les positions de Jean-Luc Mélenchon sont cohérentes avec ses votes de ces dernières années sur l’éducation ou la pauvreté, alors non, il n’est pas populiste », conclut le directeur de l’Agence du service civique.

Il faut retrouver le sens de l’affrontement

La gauche est-elle, en somme, « condamnée » à recourir au populisme pour l’emporter sur une droite engagée dans une course à l’échalote avec le FN ?

Non, répond Pierre Laurent, « si elle sait répondre aux urgences populaires dans le pays. C’est aussi simple que ça ». Or, poursuit-il, « la social-démocratie ne sait plus où se situer dans ce débat. La gauche se construira sur des remises en question plus profondes du système actuel. Il faut retrouver le sens de l’affrontement, dire comment reprendre le contrôle des politiques bancaires et financières, contrôler l’utilisation des richesses produites par les entreprises ».

Dominique Reynié met toutefois en garde : « Le populisme est en train de siphonner tous les partis de gouvernement, on vit de ce point de vue une situation inédite en Europe. »

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En France, il y a une porosité UMP-FN, et la possibilité que cela se fasse au profit du FN. « Il faut donc, dans les partis, des réponses consistantes du côté de la doctrine. Le scénario de 2012, celui d’une gauche impuissante et d’une Marine Le Pen à 18 % des suffrages, n’est pas écrit d’avance », oppose Pierre Laurent. Avant d’adresser un clin d’œil : « S’il y a une phrase juste dans l’Internationale, c’est bien, il n’est pas de sauveurs suprêmes. »

Lionel Venturini

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